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Dans la brume des chiffres

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Lorsque le calcul vient brouiller les pistes

Depuis son plus jeune âge, Emma souffre de dyscalculie, soit un trouble de l'acquisition du langage numérique. Retour sur un parcours scolaire semé d'embûches.

Emma et les nombres, une longue histoire. «Petite déjà, je ne comprenais pas le fonctionnement du système arithmétique. A cinq ans, par exemple, je ne parvenais toujours pas à lire l'heure. La petite et grande aiguille sur le cadran, c'était du chinois pour moi!», confie la jeune fille aujourd'hui, âgée de 17 ans. La Vaudoise est dyscalculique. Son diagnostic est posé alors qu'elle est en septième année. «Sur les conseils d'une éducatrice, ma maman a décidé d'aller voir un neuropsychologue», indique-t-elle. Cela a permis de mettre des mots sur ses maux. «Avant la détection de mon trouble, les enseignants pensaient soit que j'étais nulle en maths, soit que je ne m'impliquais pas assez dans mes apprentissages. Certains me disaient que j'étais paresseuse alors que je pouvais rester des heures devant une équation mathématique sans parvenir à la résoudre», poursuit-elle. Malgré sa dyscalculie, Emma a réussi à poursuivre une scolarité tout à fait normale. «Je compense mes mauvaises notes en maths grâce à d'excellents résultats en français», explique-t-elle.

Jamais sans sa calculette

Dans sa vie actuelle, sa faiblesse en maths se ressent toujours. «Lorsque je vais faire des courses, je prends ma calculette sur moi afin de connaître le montant final de mes achats». Ce qui ne l'a pas empêché de travailler comme caissière cet été. La jeune femme a alors dû subir les foudres de certains clients impatients qui ne supportaient pas qu'elle mette plus de temps pour rendre la monnaie. Des réactions hostiles qui sont toujours difficiles à vivre. Mais qui, selon elle, ont le mérite de faire parler de la dyscalculie, un trouble largement méconnu du grand public. «Lorsque j'évoque mes difficultés vis-à-vis des maths, les critiques négatives cessent de pleuvoir. Les gens font alors preuve de beaucoup de compréhension et d'empathie», souligne-t-elle.

La musique, pour seul remède?

Son problème ne l'a pas non plus empêchée de s'adonner au piano. «Je joue de cet instrument depuis 10 ans. Même si l'on me dit qu'il existe une relation étroite entre le système métrique de la musique et les mathématiques, déchiffrer une partition constitue, pour moi, un réel plaisir». Il faut dire que le système organisé des notes lui convient bien. «Pour mieux appréhender le langage mathématique, j'ai besoin d'ordre et de clarté, confie-t-elle. Les gribouillis sur le papier, c'est du charabia!» Au cours de ses études, la Vaudoise a d'ailleurs mis en place toute une série de stratégies pour mieux comprendre le système de numératie. Elle a, par exemple, besoin de décomposer chaque terme d'une équation pour pouvoir la résoudre et a eu recours à des jetons pour compter. L'étudiante qui poursuit, actuellement, une formation gymnasiale rêve de devenir avocate.

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