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Lenteur et écriture illisible

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Et si votre enfant souffrait de dysgraphie ?

«Dysgraphie», ce terme quelque peu barbare vient des mots grecs «dys» («handicap») et «graphia», («écrire des lettres à la main»). Ce trouble de l'apprentissage concerne donc le geste graphique. Les enfants qui en sont atteints ne parviennent pas à retranscrire ce qu'ils entendent oralement. Ils peinent à former des lettres et des mots de façon lisible. Eclairage en compagnie de Nathalie Bodino, graphothérapeute dans le canton de Vaud.

Quand est-ce qu'apparaît ce trouble?
Il survient souvent durant la phase d'apprentissage de l'écriture. L'écolier peut alors être victime de propos désobligeants par rapport au degré de lisibilité de son écriture. Il convient donc de lui redonner confiance en lui. Pour ce faire, il m'arrive d'afficher les dessins des bambins, signes des progrès réalisés, sur le mur de mon cabinet.

A noter que ce trouble ne touche pas que les enfants. J'ai aussi aidé des personnes plus âgées, qui souffraient de tensions lorsqu'elles écrivaient ou qui se plaignaient du caractère illisible de leur écriture. Un jeune de 20 ans est, par exemple, venu me rendre visite pour ce problème-là.

Quels en sont les signes?
Les personnes atteintes font souvent preuve de crispation au niveau de la tenue de leur plume, crayon ou stylo. Elles peuvent, par conséquent, se plaindre de douleurs aux mains et aux bras.

En outre, les dysgraphiques souffrent d'une fatigue anormale. Cet harassement est dû à une surcharge cognitive, les individus dysgraphiques devant beaucoup plus réfléchir que les autres lorsqu'ils écrivent. Dans les faits, cela se traduit par une écriture illisible et une lenteur au niveau de l'écrit.

Qu'en est-il de la composante génétique de ce problème?
Beaucoup de parents qui viennent me voir m'affirment: «Moi, j'écris mal et mon mari aussi». La dysgraphie revêt donc, sans doute, un caractère héréditaire. Les causes de cette pathologie sont à rechercher du côté d'un développement moteur perturbé.

Comment est posé le diagnostic?
On procède, tout d'abord, à une anamnèse (ndlr: en médecine, ensemble des indications que fournit le patient à son praticien) complète de l'enfant avec le ou les parent(s). On s'intéresse alors à la vie du bambin en revenant sur sa santé, ses maladies passées ou actuelles, ses éventuels troubles (comme, par exemple, difficultés d'endormissement) et son histoire scolaire. Puis, on établit un bilan graphologique complet. Pour ce faire, on calcule la vitesse d'écriture et le degré de lisibilité des traits. On est également attentif à l'occupation de l'espace sur la feuille blanche. On étudie alors la latéralité, ce qui est très important pour les gauchers, et l'on se focalise sur l'oeil dominant, ce qui permet de savoir si l'élève a recours plus au côté droit ou gauche de son visage.

Combien d'enfants sont touchés par la dysgraphie?
Difficile de répondre à votre question tant les études scientifiques sur le sujet sont rares. Sur sol helvétique, il n'existe, par exemple, aucune statistique sur ce thème. On sait, par contre, que les enfants à haut potentiel intellectuel sont plus susceptibles de souffrir de cette pathologie que les autres, leur cerveau fonctionnant plus vite que leur geste. Chez ces élèves, en effet, les capacités cérébrales se trouvent en total décalage par rapport aux capacités motrices, moins développées.

Comment se déroulent les séances que vous proposez?
Je commence par détendre l'élève, souvent crispé par rapport à sa graphie. L'enfant peut aussi être victime d'angoisses par rapport à sa lenteur d'écriture, source de stress non négligeable. J'inaugure, par conséquent, toujours la séance par une petite relaxation. Dans un second temps, je travaille le geste graphique par le biais de dessins, peintures, diagrammes en arbre... J'ai aussi recours à de la pâte à modeler et, pour les plus grands, à d'anciens porte plume, ce qui permet d'exercer l'écriture de manière ludique.

Travaillez-vous toujours de la même façon?
Non, tout dépend des besoins de l'enfant. Parfois seule une lettre pose problème, je me focalise alors plus spécifiquement sur le caractère qui engendre des difficultés rédactionnelles. Par exemple, je peux écrire la lettre dans le sable et demander à l'écolier qu'il la reproduise. Passer par le corps et le mouvement permet de s'approprier le geste graphique tout entier. On peut aussi danser ou écrire la lettre dans le ciel. Rappelons que la dysgraphie est liée à des problèmes de spatialité et de repérage dans l'espace. Il convient aussi de donner du sens aux lettres. A la base, il n'existe que deux signes graphiques: le rond et le bâton, qui permettent d'écrire toutes les autres lettres. Pour appréhender le geste du rond, on peut passer par le signe de l'infini (?) qui, en se balançant de gauche à droite, permet de faire travailler les deux hémisphères du cerveau.


Les symptômes

Crispation
Douleurs
Surcharge cognitive, fatigue anormale après quelques traits tirés
Ecriture illisible
Lenteur au niveau de l'écriture
Anxiété devant une page blanche

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